Prélèvement placentaire
Par Maritxu
Programme de la journée : prélèvement placentaire pour établir le caryotype du bébé. Ce n'est pas une amniocentèse, qui prélève le liquide amniotique, parce que à 12 SA +3 jours, on ne peut pas. On prélève autre chose, donc, pour les mêmes résultats.
L'échographe confirme ce qu'on nous a déjà dit : dans tous les cas de figure, ce prélèvement et cette analyse sont importants car ils vont permettre de déterminer l'origine de l'anomalie. En gros, c'est la faute à pas de bol, ou alors on se trimbale dans nos gènes un truc qui pourra se reproduire pour les futures grossesses. C'est bon de le savoir avant.
Avant l'intervention, qui se fait dans la salle d'examen habituelle, je demande si ça fait mal. En fait, c'était juste une question réthorique, pour parler, je m'attendais vraiment à ce qu'on me réponde "pas du tout" ou alors "oui, mais on vous anesthésie avant", ce genre de chose.
Quelle ne fut pas ma (mauvaise) surprise de m'entendre répondre que oui, c'était assez douloureux, et que non, rien d'anesthésiant n'était prévu. Ben tiens, comme si je flippais pas assez pour le bébé, va falloir que je flippe pour moi aussi maintenant !
On me prépare, desinfection, champ stérile et tout et tout. Le drap vert me bouche la vue : allez, c'est mieux comme ça. Quand il me prévient qu'il pique, effectivement, ça fait mal. Quand il cherche la pointe de son aiguille à l'échographie, ça fait vraiment très mal. Quand il l'a enfin trouvée, et qu'il gratte pour prélever, mon Dieu que c'est long et mon Dieu que je douille. Mon chéri n'a rien vu non plus, par souhait, et parce qu'il a mal à la main que je lui ai compressée à mort pendant toute l'opération.
Quand il retire l'aiguille pour transvaser ce qu'il a prélevé, j'ai un sursaut d'horreur : elle est énorme ! Il rigole un peu et me dit " il vaut mieux la voir après qu'avant, hein ? " Il a raison. Totalement raison. Jamais je ne l'aurais laissé faire si je l'avais vue avant !
On n'a toujours pas vu le bébé. Il a fallu que j'insiste pour qu'on nous fasse, juste avant de sortir, une écho de 15 secondes qui révèle une mégavessie toujours présente, quoique réduite.
J'essaie de discuter avec lui de l'interruption, mais il ajourne tout en répondant que c'est avec ma gynéco d'en parler.
J'avais rendez-vous lundi suivant, et je n'en peux plus d'attendre. J'ai envie que tout ça se termine. Tout le monde est suffisamment clair : même s'il n'y a pas de trisomie ou d'autres anomalies chromosomiques, les problèmes observés sont trop importants. Et plus on attend, plus l'avortement sera difficile. Je veux que ça ressemble le moins possible à un accouchement. Je veux que ça arrive avant de le sentir bouger. J'ai suffisamment mal comme ça pour en rajouter. Du coup, je l'appelle et on avance le rendez-vous à jeudi. Après-demain. Je pense, si à l'écho il n'y a rien de nouveau, qu'on va lui demander l'IMG. Apparemment, c'est du ressort des parents de la demander dans notre cas, puisque ma santé n'est pas en danger. J'espère que tout soit terminé pour la fin de la semaine, que je récupère mon demi-belge en pension chez ses grands-parents.
Je me dis que j'ai déjà une chance incroyable de l'avoir, mon premier bébé. Heureusement qu'il est là, sans quoi, tout serait plus dur. Je n'ose imaginer le désespoir des parents pour qui c'est au premier que ça arrive...
On trouve des points positifs dans chaque chose négative de la vie. Il parait. Je ne sais pas si c'est vrai pour tout, mais dans cette histoire, si triste, mon chéri Belge s'est révélé être le mari-chéri parfait. Moi qui râle tout le temps de son manque de romantisme, attention, compliments, estime (ne rayez aucun des termes utiles), après cette histoire, je sais que j'ai choisi le bon chéri, qui m'épaule dans ces moments diffciles, bien qu'il souffre lui aussi. Il ne critique pas, ne juge pas, ne râle pas devant mes pleurs intempestifs. Il est là.
Merci.