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Nobody expects the Spanish inquisition
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19 mai 2014

Comment énerver un belge ?

En avant-propos, précisons qu’il y a 3 communautés linguistiques en Belgique, 3 régions (mais pas avec exactement les mêmes frontières), que les Flamands et les Wallons pourraient presque être considérés comme appartenant à deux pays différents pendant que les germanophones observent tout ça avec indifférence, et sans jamais hausser le ton.

Etant francophone, je parlerai donc pour les Wallons.

Alors, comment énerver un belge ? Il faut tout d’abord annoncer que c’est une entreprise plutôt difficile. Le belge est d’un naturel flegmatique. On ne rappellera jamais assez que la Belgique est le pays du surréalisme et donc le belge ne s’étonne pas de grand-chose, et comme il est naturellement et culturellement doté d’une autodérision hors du commun, il s’offusque encore moins.

Cependant, en grattant un peu, on peut trouver certaines choses…

1- Le belge est sympathique.

C’est un cliché. Prenez n’importe quel étranger qui rencontre un belge, sa réaction sera toujours la même : « Ha, vous êtes belge ? J’adore les belges ! Vous êtes tellement sympathiques ! ».   Non. Le belge n’est pas plus sympathique qu’une autre nationalité, j’imagine qu’il y a un pourcentage d’imbéciles égal à celui du reste du monde. C’est juste que le belge a une limite de tolérance plus élevée, peut-être.

2- Demander qu’on explique la scission de la Belgique (différence Wallons/Flamands)

C’est la seconde question qu’un étranger pose à un belge. Même si le sujet ne l’intéresse pas, parce que la Belgique est championne du monde en termes de nombre de jours sans gouvernement et que tous les journaux du monde en ont parlé, le non-belge pense devoir absolument se renseigner sur ce sujet. C’est gonflant.

3- Parler politique.

Un peu dans la même veine que le point précédent, mais là il s’agit de la politique en général. Entre eux, les belges parlent peu de politique. Ce n’est pas vraiment parce que ça les énerve, c’est plutôt parce qu’ils s’en fichent. D’ailleurs, quand on leur demande comment ils ont fait pour s’en sortir sans gouvernement, la réponse-type est que le pays n’a jamais mieux tourné que pendant cette période-là.

4- Attaquer la monarchie.

Quand on vient d’un pays républicain, on a un peu de mal à se faire à la monarchie belge. Les intitulés « royaux » pullulent (Ecole royale, Cercle royal, etc…). Les humoristes belges épargnent très peu la monarchie d’ailleurs, mais il est curieusement mal venu de critiquer ouvertement la monarchie dans la vie de tous les jours. Tout le monde est d’accord pour dire qu’elle ne sert à rien, mais beaucoup veulent la garder et la respecter quand même.

5- Les reprendre dans leurs tournures de phrases.

Si on insiste un peu, cela les énerve, mais d’une façon générale, comme tout le reste, cela les amuse. Il faut dire qu’ils donnent un peu le bâton pour se faire battre : outre les tournures vieillies (bourgmestre, échevin, « nenni » pour renforcer un « non », « gai » pour « sympa »), on se demande bien pourquoi ils emploient « clignoteur » à la place de « clignotant », ou « sens horloger » pour « horaire ». Quant à leurs expressions, elles sont tellement imagées que c’en est un bonheur (« tu peux danser sur ta tête, tu n’y arriveras pas », « la bande des pneus crevés » sur autoroute…) Des dictionnaires entiers sont dédiés à ce français de Belgique, si savoureux.

6- Dire que la frite est française.

Un soupçon d’énervement dans celle-ci. Ce qui est curieux, c’est que les principaux concernés – les français – à qui on attribue la paternité de la frite dans le reste du monde, savent bien, eux, que ce sont les belges les champions. Il suffit de rentrer dans n’importe laquelle des innombrables friteries belges pour s’en convaincre.

7- Critiquer les bières belges.

C’est une question de fierté. La meilleure bière du monde, élue chaque année, est régulièrement une bière belge. La Belgique compte un nombre record de bières différentes, toutes plus savoureuses les unes que les autres. On a coutume de dire qu’il suffit de rassembler trois personnes pour qu’elles se mettent à brasser de la bière. Alors quand on vient dire à un belge qu’on ne connait pas les bières belges ou pire, qu’on préfère les lagers allemandes, on est d’office catalogué comme ignorant, voire inculte. Mais le belge n’est pas rancunier, et la suite probable est qu’il vous offrira un Orval.

8- Exploiter le stéréotype wallon

Le wallon est fainéant. Le wallon coûte de l’argent à la Belgique. Les chômeurs wallons sont tous des tire-au-flanc. Faut-il vraiment préciser que toutes les affirmations précédentes sont fausses ? Et qu’elles agacent prodigieusement le wallon précité ?

9- Penser que tel ou tel star / film / livre est français.

Non, ce n’est pas parce qu’ils sont de renommée mondiale et qu’ils parlent français que la France est autorisée à s’approprier certaines œuvre ou certains artistes. S’il est à peu près acquis que Magritte et les frères Dardenne sont belges, il faut rappeler que Cécile de France, Amélie Nothomb, Stromae, Benoît Poelvoorde, Philippe Geluck et bien d’autres aussi sont bel et bien belges.

Oui, le compte s’arrête à neuf. Et alors ? Ça vous énerve ?

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Commentaires
M
merci !
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M
J'adore :)<br /> <br /> Beaucoup de parallélismes avec le Québec (franco et anglo de tous les horizons, ça fait un joyeux melting pot linguistique et culturel).
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